|
Catherine de Clèves
Comtesse
d’Eu
Catherine de Clèves,
troisième enfant issu du mariage de François Ier
de Clèves et de Marguerite de Bourbon, naquit en 1548.
Dès l’âge de quinze ans
elle hérita du comté d’Eu.
Ayant
embrassé la religion
réformée, elle épousa Antoine
de Croï,
prince de Porcien, un des plus ardents calvinistes français,
en 1564. Il
mourut, trois ans plus tard. Mais avant de mourir,
soupçonnant son épouse
d’avoir une liaison avec Henri de Lorraine, duc de Guise, il
dit à sa
femme : « Je
ne doute pas
qu’étant jeune, belle et riche, vous ne soyez
remariée après ma mort. Je vous
laisse le choix des partis et de tout le royaume ; je
n’excepte qu’un seul
homme, c’est le duc de Guise. C’est
l’homme que je hais le plus, et je vous
demande en grâce que mon plus grand ennemi ne soit point
l’héritier du plus
précieux de mes biens. » La
belle Catherine s’empressa de convoler en
secondes noces avec… le duc de Guise ! A la
sollicitation de la reine
Catherine de Médicis, elle abjura sa religion et,
après avoir été protestante
avec son premier mari, elle se fit catholique avec le second.
En
l’année 1578, le duc et la
duchesse de Guise allèrent à Eu et y furent
reçus chaleureusement par les
habitants. C’est dans cette circonstance que le nouveau comte
d’Eu résolut de
faire construire le château dans cette ville. Sachant que le
moyen le plus
efficace pour arrêter la propagation du protestantisme
était d’établir la
Société de Jésus, le
duc de Guise
entreprit les démarches pour fonder un collège de
Jésuites à Eu et finança la
construction des bâtiments. S’étant fait
proclamer ‘protecteur de la Ligue’, à
la mort du duc d’Anjou, Henri de Lorraine, nommé
‘lieutenant général du
royaume’ par le roi Henri III, semblait arrivé au
sommet de sa gloire et
toucher à son but, lorsque le roi de France, traitreusement,
le fit assassiner
à Blois, le 23 décembre 1588.
Après
la mort de son mari,
Catherine de Clèves se retira à Eu. Bienfaitrice
de la ville, elle contribua
grandement à sa prospérité. En effet,
cette comtesse établit les religieuses Ursulines
dans un magnifique
local ; de même, elle fit venir les Capucines
à Eu et leur fit construire un couvent. Mais la principale
fondation de
Catherine de Clèves reste la
chapelle du
collège ; l’inscription
placée au frontispice de l’édifice en
témoigne. Néanmoins, elle n’oublia pas
que le duc de Guise avait été le
fondateur du collège des Jésuites ;
aussi fit-elle édifier dans cette
chapelle deux mausolées en marbre blanc, l’un
à la mémoire de son second époux,
l’autre reproduisant ses propres traits.
La
duchesse de Guise n’eut pas
moins de quatorze enfants de son second mari.
L’année même de la mort
d’Henri
de Lorraine elle accoucha d’une fille, Louise-Marguerite, qui
devint, en 1605,
l’épouse de François de Conti.
L’aimable Princesse
de Conti fut connue par son esprit de tous les gens de
lettres. Elle tint
au château d’Eu d’agréables
conférences qui rappellent les cours d’amour du
Moyen-âge.
Catherine
de Clèves s’éteignit à
Paris, dans son hôtel de Clèves, le 11 mai 1633,
à
l’âge de quatre-vingt-quatre
ans, après avoir vu mourir tous ses enfants et
disparaître
la grandeur de sa
maison. Son corps fut porté à Eu et
inhumé dans le
même caveau que la princesse
de Conti. Son cœur fut déposé dans
l’église Notre-Dame d’Eu. L’on
éleva
à cet
effet, dans le sanctuaire, une colonne de marbre noir, qui existe
toujours. En
1793, les tombeaux de la princesse de Conti et de Catherine de
Clèves furent
violés et pendant longtemps on vit dans leur caveau leurs
ossements abandonnés
sur le sol. « Sic
transit gloria
mundi ».
|
